Actualités Différence entre les sexes quant à l’ACS : pourquoi les taux de survie des femmes sont plus faibles

Edité le : 02/10/2020
Par SL

Saviez-vous qu’après avoir été victimes d’un arrêt cardiaque soudain, le taux de survie des femmes est bien inférieur à celui des hommes ?

                         

 

Il y a plusieurs raisons pour expliquer ce phénomène. Certaines explications sont d’ordre médical : par exemple, les femmes sont plus susceptibles d’avoir un rythme cardiaque non sensible aux chocs. Mais certaines sont aussi d’ordre social : par exemple, en moyenne les femmes attendent environ 37 minutes de plus que les hommes pour contacter les services médicaux. 

Mais étonnamment, certaines raisons n’ont rien à voir avec le patient mais avec la réaction des gens qui l’entourent. Car plus rapidement vous repérez et identifiez les signes d’un arrêt cardiaque soudain, le plus vite vous commencerez à pratiquer la RCR et à utiliser un défibrillateur, plus le patient a de chances de survivre. 

Repérer les signes

Selon une étude de l’Université Duke, les femmes souffrant d’ACS en public étaient 27% moins susceptibles que les hommes de bénéficier d’une RCR pouvant les sauver. Une étude néerlandaise a fait état de résultats similaires, révélant que des témoins ont tenté de réanimer 72,7% des patients masculins, mais seulement 67,9% des victimes féminines.

Cependant, ce n’est peut-être pas simplement parce que les passants hésitent à pratiquer la réanimation cardio-respiratoire sur les femmes. Mais peut-être parce qu’ils ne réalisent pas que la femme a besoin d’une réanimation cardio-respiratoire.

En général, les personnes qui apprennent les techniques de sauvetage savent bien identifier un arrêt cardiaque soudain chez les hommes, mais ne se rendent pas compte que les signes et symptômes peuvent être différents chez les femmes.

Par exemple, les signes d’une crise cardiaque chez les femmes comprennent la fatigue, la nausée, la moiteur et/ou des douleurs au cou, à la mâchoire, au dos, aux épaules ou à l’estomac, symptômes qui sont beaucoup moins évidents que les douleurs thoraciques signalées par certains hommes.

L’arrêt cardiaque soudain se présente aussi différemment d’une crise cardiaque. En cas d’ACS, le patient s’évanouit soudainement et arrête de respirer ou présente des halètements anormaux. Sans réanimation cardio-respiratoire immédiate et sans défibrillation le plus tôt possible, le patient meurt.

Cependant, cette maladie mortelle est bien moins connue que les scènes de crise cardiaque que nous voyons à la TV et dans les films, où la personne agrippe sa poitrine et s’évanouit. Il est donc essentiel de continuer à faire connaitre les signes de la ACS et le comportement à avoir si vous en êtes témoin, afin d’aider à sauver la vie des victimes.

Le problème de la formation :

Une autre raison pour laquelle les passants pourraient être réticents à pratiquer la RCR sur une femme est le manque de formation. Les mannequins d’entraînement standard en RCR sont des hommes (ou du moins, ils n’ont pas de seins). Ainsi, même si vous avez déjà pratiqué des compressions thoraciques auparavant, les pratiquer sur une patiente peut être une perspective peu familière, voire intimidante.

En réponse à ce problème, l’agence de publicité américaine JOAN a créé un « WoManikin » spécialement adapté, permettant aux stagiaires de pratiquer des compressions thoraciques sur un mannequin avec des seins.

« L’absence de corps de femmes dans l’entraînement de RCR provoque des hésitations chez les passants », a déclaré Jaime Robinson, co-fondateur et chef de la création de JOAN.

« Il s’avère que les femmes sont plus susceptibles de mourir d’un arrêt cardiaque. Nous espérons que le WoManikin permettra de combler ce manque de formation et, en fin de compte, de sauver de nombreuses vies. »

Le problème sociétal :

En 2018, l’Université du Colorado a mené un intéressant sondage en ligne sur les raisons pour lesquelles les femmes sont moins susceptibles que les hommes de bénéficier de la RCR.

Les réponses ont mise en évidence quatre points : l’ignorance des signes d’arrêt cardiaque chez les femmes, la peur de causer des blessures physiques, l’idée fausse que les seins rendent la RCR plus difficile et, enfin, la « peur d’être accusée d’agression sexuelle » ou de « contacts inappropriés ».

Bien que la dernière crainte soit compréhensible dans un climat post #MeToo, nous pensons que personne ne devrait y prêter attention en cas d’urgence réelle. Parce qu’en fin de compte, la gêne sociale est infiniment moins importante que le fait de sauver une vie.

Alors, comment pratiquer la RCP sur une femme ?